Project Description

Instalación Museu d’Art Modern Tarragona, España, 2007 Exposición “La Ciutat Blanca”

Propos sur la ville blanche

Béatrice Bizot

Le côté absurde du mot « logement ». Logement comme loge. Loge comme petite alcôve. Petites alcôves cubiques dans lesquelles nous nous entassons, superposons, juxtaposons. Cubes dans lesquels nous nous séparons les uns des autres. Dans lesquels nous logeons, nous nous casons les uns à côté des autres. Cubes dans lesquels se révèle notre promiscuité et notre solitude. Où dans l’espace desquels s’échafaudent nos désirs et nos attentes.

Et dans ces cases, on entasse, on accroche, on reproduit indéfiniment le modèle: la chambre, la cuisine, le canapé. Les ustensiles, les éviers, les égouttoirs, les images accrochées au mur, les objets mis à côté des objets que nous contournons. Qui définissent notre espace, qui nous définissent aussi.

Une barre d’immeuble la nuit, une lumière éclaire un cube. C’est la cuisine. Un ou deux êtres s’y côtoient. Utilisent les chaises, se mettent devant la télé. Et c’est pareil à côté. Une silhouette. Tels des termites ou des fourmis nous creusons nos galeries, échafaudons nos édifices répétitivement, inexorablement.

C’est peut-être dans l’espace, dans le vide entre les choses que la pensée du passant se déplace regardant les hommes de la ville comme dans un miroir essayant de trouver un sens à toute cette ville, à toute cette vie, à sa propre vie.

 

Tarragone, 1 juin 2005